Le Quotidien, Nouvelles générales, mardi 11 février 2003, p. 18

Suicides au Québec
Il est de plus en plus urgent d'intervenir

La Presse canadienne

Montréal - La 13e Semaine de prévention du suicide amène, comme à chaque année, son lot de statistiques sur l'ampleur du phénomène, mais les intervenants insistent, cette fois, sur l'urgence d'agir face à ce qu'ils voient comme un problème de santé publique.

Les données préliminaires de 2001 font état de 1323 suicides au Québec, une légère baisse comparativement aux dernières années. Pour les années 1998 à 2000, la moyenne avait été de 1443 suicides. En 2000, 1352 suicides avaient été enregistrés.

"Le message derrière les chiffres, c'est qu'on ne doit pas lâcher", a affirmé en conférence de presse, à Montréal, le coroner en chef du Québec, le Dr Serge Turmel. Il a précisé qu'il commencera à voir "une lueur d'espoir" lorsque les données sur le nombre de suicides auront diminué encore davantage.

Près de 80 pour cent des suicides frappent les hommes, une donnée constante au fil des ans.

Contrairement à une certaine croyance populaire, ce ne sont pas les jeunes, surtout, qui se suicident. En fait, les moins de 25 ans ne comptent que pour 14 pour cent des suicides en 2001. Ce sont plutôt les 25 à 44 ans qui commettent le plus grand nombre de suicides, ceux-ci comptant pour 41 pour cent du total en 2001. Ils sont suivis par la catégorie d'âge des 45 à 64 ans, avec 36 pour cent des suicides, a précisé le Dr Turmel. Le pourcentage de suicides est en baisse dans toutes les catégories d'âge, si l'on compare la période 1998-2000 à 2001, sauf chez les 45 à 64 ans. Interrogé sur cette donnée concernant les baby boomers, le Dr Turmel a avoué qu'il pourrait s'agir "d'un phénomène de cohorte qui se déplace" et que cette hypothèse devait être "regardée de très près".


Reste qu'au début des années 1990, le nombre de suicides était moindre, soit 1165 en 1990 et 1147 en 1991, alors que depuis 1993, il se maintient au-dessus des 1300. Le Dr Turmel ne croit pas qu'il faille en conclure à l'échec des programmes de prévention du suicide. "En déduire que les moyens de prévention ont échoué, c'est une équation un peu rapide", a-t-il commenté.

La porte-parole de la semaine est Dominique Payette, animatrice à la radio de Radio-Canada d'émissions qui s'adressent aux jeunes et aux adolescents. Elle s'est d'ailleurs dite "sidérée" de voir qu'on ne considère pas le suicide comme un problème de santé publique, alors qu'on le ferait s'il s'agissait d'un virus, d'une épidémie qui tuait autant de gens.

Derrière ces statistiques, il y a des gens, "toutes sortes de gens qu'on laisse partir en disant bah, c'est leur choix'", alors qu'il faut plutôt les soutenir, les aider, les écouter, les guider vers la ressource appropriée, a plaidé Mme Payette.


Fin

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Par Jean-Marie Tremblay, sociologue