Cérémonie des retraités 2011 Hommage à Jean-Marie Tremblay Jean-Marie était-il predestiné ? On pourrait tout au moins le penser. Dabord, le choix de son nom revient à sa mère qui vénérait le curé d'Ars, Jean-Marie Vianney et qui constituait un modèle pour elle, qu'elle a tenté de transmettre à son fils. Du plus lointain de ses souvenirs, Jean-Marie se voyait « missionnaire ». Si son projet a avorte, comme il se plait si souvent à nous le dire, c'est qu'il avait un problème non pas avec le vœu de chasteté, mais plutôt avec le vœu d'obéissance. Ceux et celles qui le connaissent bien savent que Jean-Marie a toujours eu un problème avec l'autorité. Se soumettre à des règles de conduite représentait un sacrifice qui l'aurait empêché de suivre sa voie. Sorti de l'université, c'est la recherche dans un premier temps qui t'attira. C'est par hasard que la voie de l'enseignement s'est présentée à lui et il y perdra son « âme » pendant près de 35 ans. Professeur de sociologie, il y a œuvré auprès des étudiants en cherchant à les éveiller aux grands enjeux et débats de la société pendant toutes ces années. Missionnaire ou révolutionnaire ? Tout jeune prof, le DSP de l'époque a voulu le sortir de sa classe sous prétexte de sa mauvaise influence auprès de ses étudiants en raison de sa pensée pour l'analyse marxiste. Jusqu'où l'influence de Marx, sera-t-elle ancrée chez lui ? Même dans son quotidien, lorsque Jean-Marie découvre le BBQ, il pensait que ce petit gadget était carrément un objet pour la bourgeoisie, incapable d'en trouver l'utilité pour le simple citoyen. Au milieu des années 80, la découverte des NTIC lui ouvre une nouvelle voie et change son monde. Son Mac devient vite une des choses les plus importantes de sa vie. Encore aujourd'hui, il ouvre son ordinateur avant de prendre un café le matin à son réveil. Travailleur acharné, imaginatif et autodidacte, Jean-Marie deviendra un maître du Mac ; il y bâtira des guides, des manuels de sociologie, des bases de données, un centre de documentation et un site pédagogique qu'il a laissés comme outils à ses étudiants. En voulant laisser un héritage intellectuel à ses enfants et aux générations à venir, Jean-Marie revient à ses lointains souvenirs, devenir « missionnaire ». Au début de 1999, en voulant initier ses étudiants à un vieux texte de Karl Mannheim Utopie et idéologie, il prend conscience de l'inégalité d'accès au savoir pour les francophones. Il s'attèle alors à la tâche de produire une version numérique de cette œuvre qui sera disponible gratuitement aux francophones du monde sur Internet. De là l'idée de créer sa fameuse bibliothèque virtuelle. Ce sera sans doute sa plus grande contribution à la société, la création des Classiques des Sciences sociales. Grâce à Internet et au numérique, au travail bénévole et à la mobilisation de toute une équipe de chercheurs, de professeurs, d'intellectuels qui numérise les œuvres et les documents, le monde peut avoir accès d'une manière équitable aux savoirs. Cette oeuvre colossale rayonne partout dans le monde comme quoi la maxime “O cœur vaillant rien est impossible” s'applique parfaitement à Jean‑Marie. Selon ses propos, il dit qu'en partageant cette ressource intellectuelle, il se sent comme les moines du début du Moyen Age qui retranscrivaient pour la postérité les textes latins. Missionnaire ou révolutionnaire ? Un peu des deux. Élevé dans une mentalité de justice sociale et animé par une passion, Jean‑Marie tente de sauver le monde de l'ignorance grâce à la diffusion du savoir. Peut-on dire que c'est mission accomplie ? Joanne Leblanc, amie et collègue |
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