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La culture: aspects théoriques

Balandier (Georges), «Culture plurielle, culture en mouvement» in ouvrage sous la direction de Daniel Mercure, La culture en mouvement. Nouvelles valeurs et organisations, ( pages 35 à 50 ). Collection «Sociétés et mutations». Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1992, 314 pages.

«Au départ, une question qui peut sembler d'ordre grammatical: faut-il user du singulier ou du pluriel? Est-il déjà possible de reconnaître une culture en voie de se faire—en cours d'universalisation, sans que ce soit une uniformisation de surface—ou, à l'inverse, des cultures ravivées par la conjugaison d'un héritage particulier et d'une modernité génératrice de mouvement et d'inédit ?

«La question n'est pas simplement formelle. Elle renvoie à des oppositions fondamentales dans le champ des sciences sociales; et notamment à celles qui opposent la société et les individus, ou encore, la société unifiée, subordonnant tous ses éléments, et la société en production continue, toujours en inachèvement. La question est aussi (surtout) de nature politique. L'affirmation d'unité, de la suprématie de l'unité, peut avoir partie liée avec les formes totalitaires, qu'il s'agisse d'une unité théologiquement fondée, gérée par une religion d'État et exclusive, ou idéologiquement imposée et bureaucratiquement maintenue, réalisée par les totalitarismes modernes, ou d'une unité déjà constituée par le marché (ou en formation) dans le cadre d'une «économie monde» à contrôle unique ou directorial. Dans le domaine du politique, la reconnaissance du pluriel s'allie à la démocratie, à la multiplicité du social et des relations et «associations» qui l'expriment, à certaines formes de l'individualisme. Et aussi à la reconnaissance des nations et des cultures qui leur sont liées - dans toute leur diversité.

«Pour ce qui est de la culture - porteuse du sens pour les individus et les collectifs, pourvoyeuse de «modèles» directeurs et de moyens, et liant social -, il importe de rappeler qu'elle sert à la fois l'unité et la pluralité. Elle opère en oscillation entre ces deux extrêmes: celui de la culture assimilatrice qui «digère» les particularités, celui de la culture plurielle qui maintient les coexistences au prix d'une unité affaiblie.

Le rappel est simplificateur, mais il est nécessaire; il nous impose une constante: le continuel « débat » et le continuel jeu de forces entre unité et diversité ou pluralité.

Commelin, Pierre (1837- ), Mythologie grecque et romaine. Édition illustrée de nombreuses reproductions. Paris: Éditions Garnier et Frères, 1960, 516 pages. 65 illustrations.

Marcel Mauss (1872-1950) et Émile Durkheim (1858-1917), « Note sur la notion de civilisation. » (1913). Extrait de L’Année sociologique, 12, 1913, pp. 46 à 50. Texte reproduit in Marcel Mauss, Oeuvres. 2. Représentations collectives et diversité des civilisations (pp. 451 à 455). Paris: Les Éditions de Minuit, 1969, 740 pages. Collection: Le sens commun.


Fichter (Joseph-H.) (1957), «La culture» in LA SOCIOLOGIE. NOTIONS DE BASE. Chapitre XII (pages 169 à 178). Traduit de l'Anglais. Paris: Éditions universitaires, 1965, 264 pages.

« Culture » est encore un terme, ayant un sens technique en science sociale, dont il est fait un grand usage avec diverses significations non techniques (1). On dit parfois qu'une personne cultivée est quelqu'un qui a du raffinement et des bonnes manières, qui reconnaît et goûte les aspects délicats et esthétiques de la vie. En ce sens restreint la culture peut être possédée par les personnes relativement peu nombreuses qui ont le loisir, la fortune, la compétence et l'intérêt qu'il faut pour se livrer à ces genres de raffinement.

«C'est un fait sociologique que toute personne normale, dans la société, « a de la culture ». Comme nous l'avons vu, chacun passe par le processus de socialisation. Depuis l'enfance chacun commence à apprendre à s'accommoder aux schèmes conceptuels et externes de comportement qui sont socialement acceptables. On s'exerce à remplir des rôles sociaux, on est toujours engagé en des relations sociales. Chacun est une personne cultivée et doit nécessairement l'être comme participant à des groupes et à la société totale. Ainsi donc, la définition scientifique de la culture ne saurait s'appliquer seulement aux quelques personnes fortunées qui forment les Couches supérieures de la société.

Giner (Salvador), «La culture et le processus de socialisation» in INITIATION À L'INTELLIGENCE SOCIOLOGIQUE. Chapitre IV: (pages 73 à 88). Collection «Regard». Privat, éditeur, 1968, 207 pages.

«Les hommes vivent en société, non parce qu'ils sont des hommes, mais parce qu'ils sont des animaux. L'apparition du mode social de vie a été un stade à l'intérieur de l'évolution biologique préalable à l'apparition de l'être humain. La seule chose que nous puissions dire de l'homme, c'est qu'il a porté ce mode de vie à un degré d'élaboration beaucoup plus élevé que celui de l'espèce animale non humaine la plus complexe. Fondamentalement, cependant, la société humaine continue à reproduire les caractéristiques de population, de spécialisation, de solidarité et de continuité que nous trouvons dans n'importe quelle autre société. La connaissance des principes de la sociologie animale est, par là, nécessaire à la sociologie humaine. À côté de la conduite instinctive, quelques espèces animales possèdent des con-duites apprises dans l'interaction - classe, langage - et à travers l'imitation. De la même façon que l'explication purement biologique ne suffit pas pour comprendre les sociétés animales, une sociologie qui ne tiendrait pas compte du substrat animal de la société humaine serait inacceptable. Fondamentalement, la familiarisation du sociologue avec l'étude de la vie sociale des primates est nécessaire. À côté de cela, il faut connaître les processus de l'évolution humaine depuis l'époque des sub-homminiens, c'est-à-dire le bas Pléistocène, jusqu'à l'apparition de l'homo sapiens. Les processus évolutifs des êtres qui furent nos ancêtres, leur conduite, le développement de leur intelligence, leur anthropologie physique - et la nôtre - sont une source de renseignements indispensables si nous voulons discerner correctement la nature sociale de l'homme d'aujourd'hui. Cela nous aide surtout à ne pas abstraire de sa condition animale sa conduite, ses aspirations, ses passions et ses croyances.

«Il y a, toutefois, un fait capital qui sépare la société humaine de celle des animaux. Ce fait, c'est la culture, trait particulier à l'homme, différent de la nature biologique, bien qu'il se trouve de façon très rudimentaire dans telle espèce animale, et bien qu'il soit lié à la biologie et fondé sur son système nerveux particulier. L'existence de la culture, cependant, ne signifie pas que la société humaine puisse s'abstraire de sa base zoologique. Tout ce qu'on peut affirmer, c'est que la vie sociale humaine implique une biologie, sui generis, puisqu'elle se trouve culturellement modifiée. La culture est le moyen humain de satisfaire aux exigences biologiques. Pour cela, aucun phénomène intéressant la sociologie n'est entièrement biosocial ou entièrement socioculturel : les deux facteurs sont toujours présents.

König (René), «LA CULTURE» in SOCIOLOGIE (pages 87 à 91). Traduit de l'Allemand. Paris: Flammarion Éditeur, 1972, 418 pages.

«Le problème de la culture civilisation a été obéré tant dans le passé que dans la sociologie actuelle, par de nombreuses ambiguïtés; c'est en particulier que ce concept constitue entre autres un élément essentiel de la philosophie de l'histoire, dans la mesure où celle-ci s'occupe de la « destinée de la civilisation humaine ». En dépit de leurs apports (et de ceux d'auteurs antérieurs) à la sociologie, il convient de noter que le développement de la sociologie en tant que science est dû à sa séparation de plus en plus nette de ce type de philosophie de l'histoire, comme de tous les autres types (Sociologie générale). Nous n'entreprendrons donc même pas l'examen de ces conceptions, pas plus que nous n'étudierons la notion de civilisation dans les sciences de l'histoire (civilisations antiques, civilisations de la Renaissance, du Baroque, etc.). Mais il y a encore toute une série d'ambiguïtés à lever avant que nous puissions dégager une notion spécifiquement sociologique de la culture civilisation.

«En ce qui concerne la tradition sociologique allemande, qui est marquée par l'influence de nombreuses conceptions philosophiques (notamment celles du système de Hegel), elle subit en particulier l'influence néfaste de la distinction opérée par Wilhelm Dilthey (1833-1911) entre les systèmes de culture (art, science, religion, morale, droit, économie) et les formes «externes» d'organisation de la culture (communauté, pouvoir, État, Église). Cette dichotomie fut encore aggravée par Hans Freyer (1887-1969) qui distinguait les «contenus objectifs» ou «signification devenue forme», qui sont les « formes objectivisées de l'esprit» dont l'étude relève des «sciences du logos», de leurs «être et devenir réels» qui sont l'objet des «sciences de la réalité». Le caractère insupportablement artificiel de cette opposition ne saurait être mieux démontré qu'en rappelant que dans cette conception, le langage lui-même est défini comme un « assemblage de mots et de significations, de formes mélodiques et de formations syntaxiques », comme si on pouvait appréhender le langage indépendamment de l'organisation sociale des hommes qui l'emploient. Bien entendu, les langues (Langage) présentent aussi des structures intellectuelles qu'on ne peut expliquer par la sociologie sans tomber dans l'erreur du sociologisme; mais ces structures ne constituent que la moitié du problème. En outre, les entités intellectuelles objectives ne peuvent jamais être opposées au devenir social, mais seulement former avec lui une corrélation fonctionnelle dans des complexes d'action culturelle (A. Silbermann). Dilthey lui-même adoptait à cet égard une position radicalement plus ouverte, aussi bien dans ses explications réelles, opposées à son projet, que dans beaucoup d'autres occasions, comme le prouvent ses tentatives pour établir les fondements psychologiques des sciences humaines et ses tentatives périodiques pour mettre sur pied une éthologie empirique (que l'on pourrait également définir comme une science empirique de la culture). Le danger que recèle cette distinction consiste avant tout dans ce qu'elle ouvre la voie à une sorte de distinction hiérarchique à une culture «supérieure», en quelque sorte proche de l'«esprit», et une culture «inférieure»; celle-ci se confond facilement avec le concept de «civilisation» (matérielle), ce qui introduit dans toute cette approche du problème une évaluation patente. Il semble préférable de passer de ces conceptions fortement teintées de philosophie à une approche plus réaliste. Après la destruction totale de l'ancienne théorie des aires culturelles par l'ethnologie moderne, la dernière possibilité apparente de séparer certains contenus culturels de leurs rapports fonctionnels avec la société a définitivement disparu.

Lalive d'Epinay (Christian), «La religion profane de la société post-industrielle» in ouvrage sous la direction de Daniel Mercure, LA CULTURE EN MOUVEMENT. NOUVELLES VALEURS ET ORGANISATIONS, (pages 77 à 92). Collection "Sociétés et mutations". Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1992, 314 pages.

«Cet exposé repose sur le constat — étayé par une cohorte de travaux depuis les ouvrages précurseurs de Bell (1976), de Galbraith (1958) et de Touraine (1969) — de l'émergence d'une nouvelle forme sociétale, qu'on appelle post-industrielle, donc que l'on qualifie en fonction de ce qui est en voie de dépassement plutôt que des caractéristiques propres de la société émergente. Le fait de ne pas être à même de dire l'avenir ne me paraît pas le signe d'une quelconque faiblesse des sciences sociales; sans doute cet avenir est-il largement contenu dans notre présent, mais ce qui s'actualisera relève du possible, non du nécessaire; de l'enjeu, non du destin, de l'évolution des rapports de force, non d'une loi de l'histoire.

«Dès lors, que peut-on dire des valeurs centrales de cette société émergente? Plus profondément encore, quelles en seront les matrices d'imputation de sens, I'ethos au sens de Weber et d'Elias? Faisons un pas de plus. Cet ethos, si ethos il y a, peut-il être qualifié de religion civile?

«La notion de «religion civile» vient, on le sait, de l'écrit philosophique Du Contrat social de Rousseau, et a été reprise par Robert Bellah dans un article que ce spécialiste du Japon a consacré à la religion aux États-Unis (Bellah, 1967), article qui fera date, à la surprise de son auteur d'ailleurs. Le sens donné par Bellah à l'expression diffère de celui de Rousseau. Encore que Bellah n'aime pas laisser enfermer sa pensée dans les définitions, il accepte celle que propose Hammond:

«Un ensemble de symboles et de pratiques religieuses qui propose des solutions à la question de la légitimation politique et au besoin d'une éthique politique, et qui a la particularité de ne se confondre ni avec l'Église, ni avec l'État (Bellah et Hammond, 1980: XI).

«Si, en s'inspirant du Durkheim des Formes élémentaires de la vie religieuse, on considère les représentations religieuses comme paradigmatiques des «représentations collectives», on en vient alors à utiliser l'expression de «religion civile» pour désigner les valeurs et les croyances fondamentales d'une société, dont elles cimentent le lien social, dans la mesure où celles-ci sont diffuses et non pas monopolisées par un appareil organisé précis, tel l'État ou une Église (Dobbelaere, 1988: 306).

Dans la première partie, considèrera les processus de déstructuration et, dans la seconde, les formes déjà cristallisées ou en voie de structuration.

MALINOWSKI (Bronislav) (1944), UNE THÉORIE SCIENTIFIQUE DE LA CULTURE ET AUTRES ESSAIS. Collection «Les textes à l'appui». Paris: François Maspero, Éditeur, 1968, 182 pages.

Mauss, Marcel (1872-1950) (Sociologue et neveu d'Émile Durkheim), « Les civilisations : éléments et formes » (1930). Exposé présenté à la première Semaine internationale de synthèse, Civilisation. Le mot et l'idée, La Renaissance du livre, Paris, 1930.

Mauss, Marcel (1872-1950) (Sociologue et neveu d'Émile Durkheim), « Les civilisations. Éléments et formes. » (1929). Exposé présenté à la Première Semaine Internationale de Synthèse, Civilisation. Le mot et l’idée, La Renaissance du livre, Paris, 1930, pp. 81 à 106. Texte reproduit in Marcel Mauss, Oeuvres. 2. Représentations collectives et diversité des civilisations (pp. 456 à 479). Paris: Les Éditions de Minuit, 1969, 740 pages. Collection: Le sens commun.

ROCHER (Guy), «
La notion de culture» Extraits du chapitre IV: "Culture, civilisation et idéologie", INTRODUCTION À LA SOCIOLOGIE GÉNÉRALE. PREMIÈRE PARTIE: L'ACTION SOCIALE, chapitre IV, pp. 101-127. Montréal: Éditions Hurtubise HMH ltée, 1992, troisième édition.

«Étant donné que la signification attribuée aujourd'hui au terme culture dans les sciences de l'homme est totalement étrangère à celle que le langage courant lui prête, notamment en français, il sera sans doute utile de retracer l'évolution qu'a connue ce concept pour arriver à être celui qu'on utilise maintenant.

«C'est à l'anthropologie anglaise qu'on doit cet emprunt, plus exactement à E.B. Tylor dont le volume Primitive Culture parut en 1871. S'inspirant en particulier des travaux de Gustav Klemm qui avait publié en dix volumes, de 1843 à 1852, une monumentale Histoire universelle de la culture de l'humanité, suivie de deux volumes sur la Science de la culture, Tylor en tira les éléments dont il avait besoin pour composer la notion de culture, qu'il employa comme synonyme de civilisation. Dès le début de son ouvrage, Tylor donna une définition de la culture qui a été par la suite citée de nombreuses fois: «La culture ou la civilisation, entendue dans son sens ethnographique étendu, est cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes, et toutes les au-tres aptitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société». Cette définition, qui est plutôt une description, présente ceci de particulier qu’elle se rapporte plutôt à un ensemble de faits qui peuvent être directement observés en un moment donné du temps, comme on peut aussi en suivre l'évolution, ainsi que l'a fait Tylor lui-même.

WALLERSTEIN, Immanuel, sociologue, ex-prés., Ass. inter. de socio. (AIS), Dir. du centre Fernand Brauder Center, prof. Yale University.

Le déclin de l’Amérique a commencé ”. (2002) Traduction du texte anglais : “ The Incredible Shrinking Eagle ”

"LA MONDIALISATION N'EST PAS NOUVELLE". Texte de la postface à la deuxième édition publiée dans
Le Capitalisme historique, 2e édition, 2002. Paris : La Découverte, 2002, 123 pages. Collection Repères, no 29. ”

De Bandung à Seattle. « c'était quoi, le tiers-monde ? » ”, (2000). Article original intitulé "C'était quoi, le tiers-monde?," publié dans
Le Monde diplomatique, 47e année, No. 557, août, 2000, pp. 18-19.

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Dernière mise à jour de cette page le Vendredi 16 janvier 2009 07:13
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue