Bibliographie thématique
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Sociologie de la famille
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10- La violence (conjugale, familiale)
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- Bertrand (Marie-Andrée), "Pornographie et censure" in ouvrage sous la direction de Fernand Dumond, Simon Langlois et Yves Martin, TRAITÉ DES PROBLÈMES SOCIAUX. Chapitre 20 (pp. 411-426). Montréal : Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pp.
"À propos de chacun de ces deux termes, pornographie et censure, les écrits sont nombreux mais ils se présentent comme des débats plutôt que sous forme d'analyses. Les principaux acteurs dans l'arène empruntent leurs arguments pour l'essentiel à deux doctrines juridico-pénales. L'une considère que la pornographie est un mal social car le fait d'en consommer, surtout abusivement notent plusieurs tenants de cette doctrine, entraîne des torts réels non seulement pour celui qui consomme et dont le sens moral s'affadit, mais souvent pour autrui et même pour le groupe social. Les partisans de l'autre doctrine estiment généralement que la liberté d'expression doit l'emporter ici comme en bien d'autres matières sur l'envie (collective ou étatique) de limiter certains dangers sociaux par le recours au droit pénal, d'abord parce qu'on n'a pas établi de relation de cause à effet entre la consommation de documents obscènes et un quelconque tort social et ensuite parce que même si c'était le cas, il resterait à démontrer que le recours au droit pénal dans ce cas particulier n'entraîne pas des effets pervers dont la nocivité dépasse ceux de la pornographie.
"Au caractère souvent partisan des études portant sur la pornographie s'ajoutent d'autres difficultés, par exemple, les glissements de sens, l'évolution des mentalités qui fait se déplacer la barre de l'inacceptable de plusieurs centimètres au fil des ans, l'influence des chartes des droits sur les jugements des tribunaux mais aussi sur les populations en général et sur le contenu de leurs revendications.
"Mais ces nouvelles réalités ont aussi contribué à ranimer le débat sur la censure et la pornographie, comme en témoigne la création au Canada, en 1983, dun comité spécial d'étude portant en partie sur la pornographie, et l'institution aux États-Unis, en 1985, d'une commission d'enquête entièrement consacrée à la pornographie.
"D'autre part, les progrès technologiques enregistrés tout particulièrement au chapitre des communications, qui rendent la transmission des images instantanée et leur diffusion universelle, la mondialisation des échanges, les progrès de la télévision par satellite, l'invention de la vidéo et du fac-similé, tout cela modifie considérablement les paramètres du débat. Ces nouvelles réalités donnent à certains une envie plus pressante de tenter de contrôler le phénomène mais elles rendent l'efficacité des contrôles plus aléatoire.
BOUCHARD (Camil), GAUTHIER (Marie-Chantal), MASSÉ (Raymond) et TOURIGNY (Marc), "Les mauvais traitements envers les enfants" in ouvrage sous la direction de Fernand Dumond, Simon Langlois et Yves Martin, TRAITÉ DES PROBLÈMES SOCIAUX. Chapitre 17 (pp. 363-380). Montréal : Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pp.
"Les mauvais traitements subis par les enfants se présentent sous diverses formes: violence physique, divers types de négligence, délit sexuel, violence émotionnelle (ou verbale). Dans la mesure où les comportements parentaux sont soumis à un ensemble de codes culturels et sociaux, la définition de ce qui pourrait être un abus ou une négligence demeure soumise à l'interprétation de celles et ceux chargés de veiller au bien-être et au dévelop-pe-ment des enfants et d'assurer leur protection.
"Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse précise que lÉtat doit intervenir lorsque le développement ou la sécurité de l'enfant se trouve compromis. Elle définit, à partir de l'article 38, les circonstances associées à cette menace au développement de l'enfant. C'est à partir de ces descriptions que les intervenants peuvent statuer quant à la pertinence et à lurgence d'intervenir. Tous les modes d'intervention, qu'ils reposent sur le recours à des mesures volontaires ou à des mesures judiciaires, sont soumis aux mêmes exigences de protection de l'enfant. Cependant, la Loi sur la protection de la jeunesse fait une obligation à l'intervenant de déployer tous les efforts possibles pour maintenir lenfant dans son milieu naturel. Au-delà de la protection, on voit donc se dessiner un objectif de restauration du fonctionne-ment familial. En même temps, lintention de la loi est de prévenir que le développement de l'enfant et sa sécurité ne soient pas compromis. Cette notion de prévention inscrite dans la loi ne vise cependant pas à une dimi-nution à court terme du taux de mauvais traitements envers les enfants. Elle témoigne plutôt d'une intention du législateur de prévenir une dégradation plus grande de la situation, de minimiser les effets engendrés par des conduites parentales inappropriées et d'empêcher que ne s'installe ou ne se perpétue le cycle intergénérationnel du délit ou de la négligence. La diminution des taux d'incidence repose davantage sur des stratégies propres à éliminer ou à diminuer l'impact des facteurs de risque.
Brodeur (Jean-Paul), avec la collaboration de Marc Ouimet, "Violence et société" in ouvrage sous la direction de Fernand Dumond, Simon Langlois et Yves Martin, TRAITÉ DES PROBLÈMES SOCIAUX. Chapitre 14 (pp. 301-317). Montréal : Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pp.
"D'après un calcul récent du U.S. General Accounting Office, 138 490 Américains ont été blessés ou tués par des coups de feu tirés par des enfants de moins de six ans au cours de la dernière décennie. Cette statistique est le prototype d'une dramatisation de l'information, qui produit des effets d'affolement dans l'opinion publique. Elle peut être utilisée pour illustrer la plupart des problèmes que pose l'étude de la violence dans la société.
Clarkson (May) (agente de recherche au Service des études et analyses du MSSS), "La violence" in ouvrage sous la direction de Louise Guyon, avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, in DERRIÈRE LES APPARENCES. SANTÉ ET CONDITIONS DE VIE DES FEMMES. Chapitre 9, pp. 149 à 170. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.
Ce chapitre aborde un thème qui a été longtemps occulté, voire nié dans la société québécoise comme dans bien d'autres: celui de la violence faite aux femmes, dans un contexte socioculturel spécifique qui conditionne les rapports sociaux entre les sexes. On ne parle donc pas de la violence fortuite (telle la violence exercée au cours d'un cambriolage), mais bien de celle qui est employée plus spécifiquement contre des victimes de sexe féminin, et qu'on peut définir de la façon suivante: "la force physique ou verbale, la coercition ou la négligence exercées à l'égard d'une personne de sexe féminin, de façon à lui occasionner des problèmes de santé physique ou psychologique, de l'humiliation ou une privation arbitraire de liberté, et de façon à perpétuer la subordination féminine " (Heise, 1993, traduction libre).
"On s'intéresse donc ici, d'une part, à la violence exercée envers une femme par un ou des inconnus, parce qu'elle est une femme; on peut penser par exemple au harcèlement sexuel, à l'agression sexuelle, voire à des cas aussi extrêmes que celui du massacre de jeunes femmes à l'École polytechnique de Montréal en décembre 1989. D'autre part, on s'intéresse également à la violence physique, sexuelle ou psychologique exercée par des connaissances ou des proches, et, bien souvent, par un conjoint, un partenaire de vie ou un amoureux.
LEMIEUX (Denise), "La violence conjugale", in ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, TRAITÉ DES PROBLÈMES SOCIAUX. Chapitre 16, pages 337 à 362. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pages.
"Au Québec comme ailleurs, les agressions physiques dans le cadre domes-tique ont été largement ignorées par la recherche sur la famille avant les années 1970. La dénonciation de la violence conjugale par le mouvement des femmes a donné lieu, vers la fin des années 1970, à la création d'un important réseau de refuges pour femmes battues ainsi qu'à divers modes d'intervention auprès des femmes violentées, et plus récemment auprès des hommes violents. La recherche réalisée au cours de cette période est étroitement liée à l'intervention et demeure tributaire de la contestation par les féministes des interprétations élaborées au cours des années 1960, en particulier dans les disciplines psycholo-gi-ques qui rattachaient ces phénomènes à diverses pathologies et aux avatars de la dynamique du couple. Mettant l'accent sur la dimension du pouvoir masculin et sur les légitimations sociales de ce pouvoir au sein de la famille et l'associant aux inégalités socio-économiques qui engendrent la dépendance des femmes, le mouvement d'aide aux femmes battues, en plus de créer des refuges, a élaboré des types d'intervention féministe visant l'autonomie et l'affirmation de soi des victimes. Devant la visibilité accrue d'un problème qui, par ses dimensions sociosanitaires et judiciaires, fait appel à une multiplicité d'expertises, des politiques ont été formulées en 1986-1987 par les ministères de la Justice et de la Santé et des Services sociaux afin de coordonner les actions.
RONDEAU (Gilles), "La violence familiale", in ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, TRAITÉ DES PROBLÈMES SOCIAUX. Chapitre 15, pages 319 à 336. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pages.
- "La violence familiale se démarque des autres formes de violence rencontrées dans nos sociétés par le caractère intime du rapport existant entre l'agresseur et la victime et par la nature privée de leurs relations. Cette forme de violence comprend plusieurs catégories parmi lesquelles figurent la violence des parents à l'égard de leurs enfants et la violence entre conjoints. Outre ces deux types facilement identifiables, le terme inclut aussi la violence dans la fratrie, la violence des adolescents à l'endroit de leurs parents et finalement la violence infligée aux parents âgés par leurs enfants d'âge adulte.
"Au-delà du fait qu'il s'agit d'une violence qui se produit à l'intérieur du cadre familial, on peut observer des points communs à l'ensemble des catégories. On constate ainsi que, d'une part, la violence engen-dre un certain nombre d'effets similaires tels la perte de l'estime de soi, la honte, le sentiment d'impuissance et que, d'autre part, elle se caractérise par une différence de pouvoir marquée entre les agresseurs et leurs victimes.
"Compte tenu des contraintes d'espace, le présent texte se concentrera essentiellement sur la problématique de la violence entre conjoints et présentera très brièvement quelques éléments sur la violence faite aux personnes âgées.
Dernière mise à jour de cette page le Samedi 24 janvier 2004 17:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue