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Statistiques et caractéristiques des jeunes Montréalais
par la Direction de la santé publique de Montréal-Centre

Le site web de Santé publique de Montréal-Centre est fermé, mais nous avons conservé les données qu'on retrouvait sur les jeunes Québécois et Québécois
http://www.santepub-mtl.qc.ca/Priorites/jeunes/statlist.html


Sujet: La pauvreté chez les jeunes Montréalais

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Combien y a-t-il d'enfants pauvres dans
la région de Montréal-Centre ?

par
Direction de la santé publique de Montréal-Centre

http://www.santepub-mtl.qc.ca/Priorites/jeunes/pauvrete.html

En 1991 à Montréal, 32 % des jeunes âgés de 6 à 14 ans et 28 % des jeunes de 15 à 17 ans dans les ménages privés vivaient sous le seuil de pauvreté établi par Statistique Canada (1). Il s'agit d'un très gros bassin de pauvreté si on les compare aux enfants du même âge habitant dans l'ensemble du Québec (19 %).

Afin de rendre compte de la réalité de ces jeunes selon leur cycle de vie on peut appliquer les taux de pauvreté aux groupes d'âge 6 à 11 ans et 12 à 17 ans. On estime ainsi que plus de 35 000 enfants d'âge scolaire et plus de 34 000 adolescents vivaient sous le seuil de pauvreté en 1991 à Montréal-Centre.

Par ailleurs, 32% des jeunes montréalais âgés de 18 à 24 ans dans les ménages privés vivaient sous le seuil de pauvreté en 1991, soit 59 155. À titre de comparaison, la proportion de jeunes pauvres est de 22% dans l'ensemble du Québec.

Précisons que près des trois quarts des jeunes pauvres vivaient avec des revenus inférieurs à 75% du seuil de pauvreté sur l'île de Montréal (2).

Quelles sont les conditions de vie de leur famille?

Les jeunes montréalais âgés de 6 à 17 ans, qui vivaient dans une famille en 1991, étaient également plus souvent pauvres que dans l'ensemble du Québec (30 % contre 18 %). Les enfants de 6 à 17 ans qui vivent avec un seul parent sont très touchés par la pauvreté : 60 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Toutefois, quoique les enfants âgés de 6 à 17 ans dans une famille biparentale vivent moins souvent dans la pauvreté (21 %), leur nombre est plus élevé que celui des enfants dans les familles monoparentales ( 33 070 et 30 600 respectivement) (2).

Chez les jeunes âgés de 18 à 24 ans, un peu plus de la moitié des jeunes adultes vivent encore avec leurs parents. De ceux là, 17% vivaient sous le seuil de pauvreté à Montréal-Centre en 1991, près de 17 000. Les jeunes vivant avec un seul parent sont plus touchés que les autres, car 33% de ces jeunes vivaient sous le seuil de pauvreté. Toutefois, ici aussi, le nombre de jeunes adultes vivant dans une famille biparentale touchés par la pauvreté est plus élevé que celui de ceux vivant dans une famille monoparentale (8 770 contre 8 280) (3).

En ce qui concerne les différentes communautés culturelles, à défaut d'avoir des informations récentes portant sur les jeunes nous soulignons les caractéristiques observées en 1986. Ainsi, les pourcentages d'enfants de moins de 18 ans d'origine haïtienne, latino-américaine et des Caraïbes, et les autres Noirs vivant dans une famille, avec enfants, pauvres étaient significativement plus élevés que la moyenne régionale. Soulignons que pour ces trois catégories d'origines ethniques, plus de 75% des enfants vivant dans une famille monoparentale vivaient dans la pauvreté (4).

Bien en deçà du seuil de faible revenu, se trouvent les enfants dont les parents sont bénéficiaires d'aide sociale. En 1994, on retrouvait un peu plus de 43 600 enfants âgés de 6 à 17 ans dans cette situation précaire à Montréal (5). L'information pour les enfants de cet âge n'est pas disponible mais nous savons que parmi les familles avec enfants bénéficiaires d'aide sociale (6), 68% étaient en fait des familles monoparentales ayant dans la plupart des cas une femme comme chef de famille. Caractéristique montréalaise, 60% des enfants bénéficiaires d'aide sociale dans la région de Montréal étaient des enfants dont les adultes sont nés hors Canada en mars 1996 (7).

Quelles sont les conditions de vie de ceux qui ont quitté leur famille?

Un nombre important de jeunes de 18 à 24 ans ont déjà quitté leur famille et se retrouvent donc par le fait même en grande partie responsable de leur survie. À Montréal-Centre, 63% des jeunes qui vivent à l'extérieur de leur famille ont des revenus inférieur au seuil de pauvreté (les jeunes qui vivent en couple ou qui ont des enfants sont exclus). En termes de nombre, il s'agit du bassin le plus important de pauvres chez les jeunes de cet âge (28 355 en 1991).

La proportion la plus importante de jeunes pauvres se retrouve chez les jeunes qui vivent avec des personnes non apparentées (autre qu'un conjoint) 73%, suivie de près par les personnes vivant seules (62%). Les garçons et les filles ont autant de chance de se retrouver dans cette situation peu enviable (8).

Quelles sont les conditions de vie de ceux qui vivent en couple ou qui ont fondé leur famille?

Dans la région de Montréal-Centre, seulement 10% des jeunes de 18 à 24 ans, qui vivent à deux sans enfants à charge, présentent un revenu inférieur au seuil de pauvreté en 1991. Par contre, 48% des couples qui ont des enfants vivent sous le seuil de pauvreté (3).

Si avoir un ou des enfants avant l'âge de 25 ans est souvent synonyme de manque de ressources financières pour un couple cela est davantage vrai pour un parent seul. En effet, 92% des parents seuls âgés de 18 à 24 ans vivent sous le seuil de pauvreté en 1991 à Montréal-Centre; précisons qu'il s'agit dans 97% des cas, de jeunes filles. Le taux de pauvreté pour l'ensemble des parents seuls est de 45%.

Étudier et travailler ?

En 1991-1992, la Direction de la recherche du Ministère de l'éducation du Québec (MEQ) a mené une enquête auprès des élèves fréquentant l'école secondaire visant à tracer un portrait de leur situation quant à la réalité du travail durant l'année scolaire. On y confirme que la proportion des élèves qui travaillent durant leurs études passe de 28% en première année de secondaire à 54% à la cinquième année. En première année du secondaire, 5% des élèves travaillent plus de 11 heures par semaine tandis qu'en cinquième année 32% des élèves travaillent de la sorte.

Bien entendu le genre de travail varie beaucoup entre le début du secondaire et la fin. Parmi les jeunes qui travaillent au début du secondaire 64% ont travaillé dans un emploi traditionnel (garde d'enfants et distribution de journaux) alors qu'à la fin du secondaire 86% ont fait un autre genre de travail (vente dans un commerce, service dans un restaurant, travail général d'entretien et de nettoyage etc.). On précise que ceux qui travaillent le font d'abord pour acquérir une certaine autonomie financière par rapport à leurs parents, mais que 30% travaillent par nécessité (pour aider leurs parents ou pour payer ce dont ils ont besoin pour aller à l'école) (9).

Quelles sont les conditions de vie de ceux qui travaillent?

Le genre de travail offert aux jeunes adultes n'offrent pas toujours les conditions nécessaires pour les éloigner de la pauvreté. Nous n'avons pas d'estimation exacte pour les 18-24 ans, mais nous savons qu'en 1991 sur l'île de Montréal, plus du quart de ceux âgés de 15 à 24 ans qui avaient un emploi vivaient sous le seuil de pauvreté, soit 24% (10).

Et les sans emploi non admissibles à l'assurance chômage?

Tel que le précise le Conseil permanent de la jeunesse, " ..un jeune sans emploi non admissible à l'assurance chômage et qui ne fréquente pas un établissement d'enseignement à temps complet a de très fortes chances de se retrouver à l'aide sociale, et de vivre avec un revenu qui ne représente même pas la moitié du seuil de faible revenu " (11).

Dans l'ensemble du Québec, on sait que 9% des jeunes de moins de 30 ans prestataires d'aide sociale étaient classées inaptes au travail et 91% aptes au travail (majoritairement des chômeurs et des chercheurs de premier emploi).

Pauvreté = manque d'argent ?

Nous tenons à préciser qu'être pauvre ne se résume sûrement pas à manquer d'argent, cela se définit également comme le mentionne le Conseil permanent de la jeunesse " par l'isolement, l'absence de perspectives et une autonomie atrophiée " (11). Malheureusement, les données quantitatives permettant d'estimer le nombre d'individus touchés par ces réalités sont peu nombreuses.

Seuils de faible revenu pour les familles économiques et les personnes seules, 1990

Nombre de personnes dans la famille

Seuils de faible revenu(en dollars)

1

14,155$

2

19,187$

3

24,389$

4

28,081$

5

30,680$

6

33,303$

7 et plus

35,818$




Notes et références:

(1) Statistique Canada a établi une méthode qui permet d'identifier les ménages dont le revenu est inférieur à celui nécessaire à la satisfaction de certains besoins de première nécessité. Cette méthode fixe une série de seuils en tenant compte de la taille du ménage et de la région de résidence. Voici la matrice considérée pour la région de Montréal-Centre. (Retour au texte 1)
(2) Recensement 1991. Tableau spécial géocodé no 7 de la commande CO-0142 produit pour le MSSS. (Retour au texte 2)
(3) Recensement 1991. Tableau spécial géocodé no 9 de la commande CO-0142 produit pour le MSSS. (Retour au texte 3)
(4) Guay, D., Riberdy, H, Guillemette, A., Reflets divers. Profil socio-économique de la population du Montréal métropolitain selon l'origine ethnique, 1986. Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre. Direction de la santé publique, Direction de la santé communautaire de l'Hôpital Sainte-Justine, 1993, 252 pages. (Retour au texte 4)
(5) Ministère de la Sécurité et du Revenu. Fichiers produits pour l'ensemble des Directions de santé publique du Québec en septembre 1995. (Retour au texte 5)
(6) La définition d'un enfant selon le Ministère du revenu n'exclue pas les jeunes de plus de 18 ans si ils répondent à la définition suivante: Personne qui ne doit pas être le parent d'un enfant à sa charge et doit dépendre d'un adulte. Cette personne peut-être mineure ou majeure et dans ce dernier cas elle doit fréquenter un établissement scolaire, ne doit pas avoir de conjoint ou n'avoir jamais été mariée. (Retour au texte 6)
(7) Ministère de la Sécurité et du Revenu, Rapport statistique, Prestataires de la sécurité du revenu. Programmes APTE et Soutien financier, Mars 1996 , (parution trimestrielle. Direction de la recherche, de l'évaluation et de la statistique. Direction générale des politiques et des programmes), juin 1996. (Retour au texte 7)
(8) Statistique Canada. Recensement 1991. Tableau spécial géocodé n. 10 de la commande C0-0142 produit pour le MSSS. (Retour au texte 8)
(9) Dumas, S., Beauchesne, C. Etudier et travailler? Enquête auprès des élèves du secondaire sur le travail rémunéré durant l'année scolaire. Ministère de l'Éducation, Gouvernement du Québec, 1993, 105 pages. (Retour au texte 9)
(10) Statistique Canada. Recensement 1991. Tableau spécial géocodé no. 8 de la commande C0-0142 produit pour le MSSS. (Retour au texte 10)
(11) Simard, R., Girouard, C., Dites à tout le monde qu'on existe, Avis sur la pauvreté des jeunes. Québec, Conseil permanent de la jeunesse, mai 1993, 116 pages. (Retour au texte 11)

Personne ressource:
Hélène Riberdy
Direction de la santé publique
7 mars 1997

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Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 02 avril 2003 13:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue