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Statistiques et caractéristiques des jeunes Montréalais
par la Direction de la santé publique de Montréal-Centre

Le site web de Santé publique de Montréal-Centre est fermé, mais nous avons conservé les données qu'on retrouvait sur les jeunes Québécois et Québécois
http://www.santepub-mtl.qc.ca/Priorites/jeunes/statlist.html


Sujet: Les jeunes montréalais sont-ils violents ?
Combien présentent des troubles de comportement?

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Les jeunes montréalais sont-ils violents ? Combien présentent des troubles
de comportement ?

par
Direction de la santé publique de Montréal-Centre

http://www.santepub-mtl.qc.ca/Priorites/jeunes/delinquance.html

Il est difficile d'établir l'ampleur réelle des conduites adoptées par les jeunes et qui nuisent à autrui. Les informations les plus fiables sont recueillies par des fichiers administratifs qui ont chacun leurs limites propres.

Tout d'abord, nous disposons des informations des services de protection de la jeunesse. Pour les enfants de 6 à 11 ans, on note que des 1 237 signalements retenus pour une période de douze mois, 1995-1996, par les Centres jeunesse de Montréal et les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw, 103 (8%) étaient des cas de troubles de comportement (1) et concernaient 77 enfants. Dans plus de 88% des fois, il s'agissait de garçons. Chez les jeunes de 12 à 17 ans, des 2 143 signalements reçus et retenus, 1 197 (56%) étaient reliés à des troubles de comportement (1) et concernaient 1 002 jeunes. Un peu plus de la moitié de ces jeunes seront pris en charge. Rappelons ici qu'il s'agit de troubles de comportement suffisamment importants pour être dévoilés aux services de protection de la jeunesse (2).

De nature plus grave et généralement criminelle, nous disposons des informations des services reliés à la Loi sur les jeunes contrevenants gérées par les Centres jeunesse de Montréal et les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw (2). En 1995-1996, pour une période de douze mois, 4 146 délits ont été enregistrés auprès de 2 803 jeunes âgés de 12 à 17 ans, soit une moyenne de 1,2 délits par jeune. Les garçons sont trois fois plus nombreux que les filles (2 205 contre 598). Les délits les plus fréquents varient selon le sexe. Pour les garçons, les délits sont principalement des vols de moins de 1 000$ (25%), des voies de fait qui impliquent une agression physique (14%), des introductions par effraction (10%) et le refus de se conformer à leur sentence (9%). Pour les filles, les délits sont surtout des vols de moins de 1 000$ (67%) et des voies de fait (15%).

Une autre des sources importantes d'information sur la délinquance nous provient des statistiques officielles du ministère de la Sécurité publique (3). À Montréal-Centre, on a arrêté 6 662 jeunes âgés de 12 à 17 ans pour des infractions au Code criminel (sauf circulation), soit 6% des adolescents. Tous ces crimes n'ont pas fait l'objet d'une inculpation devant les tribunaux. En effet, 44% des contrevenants ont vu leur situation se régler hors cour. De ceux qui ont vu leur situation se régler devant la cour, 86% étaient des garçons.

Lorsque l'on étudie de plus près le genre de crime pour lesquels les adolescents montréalais se sont fait arrêter on constate qu'il s'agissait dans 44% des cas, de crimes contre les biens, dans 30% de crimes de violence et dans 26% d'autres crimes (vandalisme, possession illégale, fraudes, etc.). Les adolescents sont plus portés aux crimes contre les biens que les adultes (44% contre 30%). Il s'agit principalement de vol à l'étalage, d'introduction avec effraction, et de vol de véhicule à moteur. Pour les crimes de violence, ce sont surtout des voies de fait allant des bousculades ou des menaces verbales d'agression, aux agressions causant des lésions corporelles. Dans le rapport du Conseil permanent de la jeunesse on précise qu'il s'agit dans la majorité des cas, de voies de fait simples, donc d'un faible degré de gravité (4). Parmi les autres crimes, il semble que le vandalisme soit le crime le plus fréquent chez les jeunes.

Malgré le faible degré de gravité des infractions des adolescents notons que pour les crimes de violence, les taux moyens de délinquants montréalais sont les plus élevés au Québec (1 484 p. 100 000 contre 751 p. 100 000 respectivement, pour la période 1991-1993) (4).

Concernant les délits au regard de lois et des règlements (sauf la circulation), tels que la possession de drogue (cannabis, cocaïne, héroïne etc. ) sa production, son trafic ou son importation, moins de 600 jeunes furent inculpés sous ses accusations en 1994. À ce chapitre, les jeunes de la région de Montréal-Centre ont un taux d'arrestation de beaucoup inférieur à la moyenne provinciale (taux annuel moyen pour 1993 -1994 de 597 p. 100 000 et de 656 p. 100 000) (5). Précisons que dans l'ensemble du Québec, 56% des délits étaient en réalité des arrestations en relation avec les lois fédérales sur les drogues et que parmi ceux qui ont été judiciarisés, 90% des contrevenants étaient des garçons (4).

Les gangs de rue constituent une autre expression de violence à Montréal. L'escouade anti-gangs de la police de Montréal définit le gang de rue comme suit : " un regroupement d'individus, habituellement des adolescents et/ou de jeunes adultes qui privilégient l'utilisation de la force d'intimidation du groupe dans le dessein d'accomplir, avec une certaine régularité, des actes criminels à caractère violent " (6).

Parmi les délits qu'ils commettent, on retrouve le taxage en milieu scolaire, le vol à l'étalage organisé, la prostitution, le trafic de stupéfiants, les fusillades (drive by shooting), les incendies criminels, etc.

Ces groupes de jeunes délimitent leur territoire par des graffitis et affirment leur pouvoir par des affrontements entre gangs rivaux ou inter-ethniques. Leurs victimes peuvent aussi être d'autres jeunes de leur entourage envers qui ils exercent du chantage (le taxage en est un exemple).

D'une année à l'autre, des gangs de rue apparaissent et disparaissent, de sorte qu'il est difficile d'évaluer le nombre de jeunes impliqués. Toutefois, depuis 1986, environ 124 gangs ont été répertoriés par les services policiers.

Actuellement, 35 à 40 gangs seraient actifs à Montréal, impliquant près de 2 000 jeunes. À partir des observations sur le terrain, on constate que ces gangs s'organisent principalement autour de deux groupes d'âge : les 11 à 15 ans et les 16 à 24 ans. Chez les plus âgés, les noms de gangs ont tendance à disparaître. De même, leur criminalité est de plus en plus organisée.

En ce qui concerne l'origine ethnique des jeunes contrevenants qui séjournent dans les centres de réadaptation pour les jeunes en difficulté, la recherche menée par Camille Messier apporte plusieurs éclairages importants : " Les jeunes garçons contrevenants (80%) ont presque tous commis des délits contre les biens, et un sur deux (51%) a aussi commis des délits contre la personne ; dans ce cas, il s'agit presque toujours de bagarres entre jeunes et de voies de fait parfois commises avec des armes ou occasionnant des blessures. Les délits contre la personne concernent une forte majorité de garçons Haïtiens (78%), et de garçons Noirs anglophones (61%), la moitié de garçons Latino-Américains (50%), 40% de garçons Blancs anglophones, le tiers de garçons autochtones (34%) et le quart de garçons Blancs francophones (24%) " (7). L'enquête a également permis d'identifier plusieurs facteurs explicatifs à la sur-représentation des groupes minoritaires mentionnés : le facteur séparation parents/enfants, les conflits culturels et intergénérationnels avec les parents, les difficultés d'adaptation scolaire, le fardeau des aspirations parentales, l'utilisation plus fréquente de la judiciarisation des institutions de la société d'accueil, l'impact des placements et des interventions sociales, démission rapide de certains intervenants devant les difficultés rencontrées dans le travail social auprès des parents.

La criminalité officielle n'arrive pas à circonscrire toutes les conduites délinquantes des jeunes de 12 à 17 ans entre autres la violence envers autrui. Une enquête récente menée au Québec auprès d'élèves inscrits au secondaire nous permet de compléter ce portrait en ce qui a trait au climat à l'école. De tous les indices élaborés pour évaluer le climat de violence perçu par les élèves, c'est celui qui mesure la violence que les jeunes ont observée dans leur école qui ressort le plus. Dans une échelle de 1 à 4, l'indice moyen de violence entre les élèves est de 2,93. Le phénomène est légèrement plus marqué au début de l'adolescence (11-14 ans) (8).

Quelques études nous renseignent sur l'ampleur de la violence chez les adolescents dans l'ensemble de leurs milieux de vie: il ressort que 10% des adolescents s'adonnent à l'intimidation et que 25% participeraient à des batailles (9). De plus, selon l'Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans, 14% de ces jeunes rapportent avoir participé à une grosse bataille (10). Il y a plus de garçons que de filles qui ont présenté un tel comportement.


Notes et références:

(1) L'article correspondant aux troubles de comportement est le 38 h. Il s'agit surtout de problèmes relationnels avec les parents ou l'autorité, de problèmes manifestés à l'école (agressivité, taxage, etc.) de problèmes de consommation de drogue ou d'alcool, d'agressivité physique ou verbale à la maison, de fugues, de vols, de problèmes sexuels (prostitution), d'idées suicidaires ou de tentatives de suicide.
(2) Les données des services de protection présentées ici ont été préparées pour la Direction de la Santé publique par Robert Granger.
(3) Direction des affaires policières du ministère de la Sécurité publique. Statistique 1994, Criminalité et application des règlements de la circulation au Québec. Ministère de la sécurité publique, 1995.
(4) D'Amours, Y. Le point sur la délinquance et le suicide chez les jeunes. Rapport du Conseil permanent de la jeunesse, Septembre 1995, 102 pages.
(5) Il faut préciser que la fréquence d'enregistrements des crimes par le corps policier varie selon plusieurs facteurs et que le degré d'effort ou d'attention que portent les policiers à certains crimes peut varier d'une région à l'autre.
(6) Blondin, P., Les gangs de rue, Violence et déviance à Montréal, sous la direction de M. Chalom et J. Rousik, Montréal, Liber, 1993, p. 91-103.
(7) Messier, C., Toupin, J., La clientèle multiethnique des centres de réadaptation pour les jeunes en difficulté. Résumé. Commission de protection des droits de la jeunesse, 1994, 26 pages.
(8) Cloutier, R., Champoux, L., Jacques, C., Chamberland, S. Enquête ados, familles et milieu de vie, la parole aux ados! Bureau québécois de l'année internationale de la famille et l'association des centres jeunesse du Québec en collaboration avec l'équipe du Centre de recherche sur les services communautaires de l'université Laval, 1994.
(9) Gagnon, C. Violence envers autrui chez l'enfant et l'adolescent: définition, prévalence, facteurs de risque et prévention. Groupe de Recherche sur l'Inadaptation Psychosociale chez l'enfant (G.R.I.P.), Université de Montréal, Texte présenté au MSSS inséré dans le recueil des études commandées par le Groupe de travail pour les jeunes dans le cadre du rapport: Un Québec fou de ses enfants.
(10) Valla, J.P., Breton, J.L., Bergeron, L., et coll. Enquête québécoise sur la santé mentale des jeunes de 6 à 14 ans 1992. Rapport de synthèse. Hôpital Rivière-des-Prairies et Santé Québec, en collaboration avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, gouvernement du Québec, 1994.


Personnes ressources:
Hélène Riberdy
Direction de la santé publique
Manon Fontaine
Centres jeunesse de Montréal pour les gangs de rue
Le 17 mars 1997.

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Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 02 avril 2003 13:21
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue