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Bibliographie thématique

Sociologie de la santé

4- La santé mentale des Québécois

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "La santé psychologique" in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 5, pp. 79 à 95. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«Les différences entre les femmes et les hommes en matière de santé mentale ont fait l'objet de longs débats et ont alimenté de nombreuses recherches dans une multitude de disciplines (Pugliesi, 1992; Comité de la santé mentale du Québec, 1993). Dans sa revue de la littérature sur les dimensions socioculturelles de la santé mentale des femmes réalisée aux États-Unis en 1992, Pugliesi pose l'intéressante question: " Les différences entre les femmes et les hommes (gender differences) en santé mentale sont-elles réelles, ou plutôt ne seraient-elles pas le résultat d'un artéfact ? "

«Une des constantes qui se dégagent de la plupart des études épidémiologiques est que les femmes manifestent des taux supérieurs aux hommes pour la détresse psychologique et la dépression (Gove et Tudor, 1973; Gove et Geerken, 1977; Kessler et McRae, 1981; Cleary et Mechanic, 1983; Gore et Mangione, 1983; Reskin et Coverman, 1985 ;Thoits, 1986).

«Un premier niveau d'explication à ce phénomène met l'accent sur une plus grande vulnérabilité des femmes à la dépression et aux autres problèmes de santé mentale—à cause de leur constitution biologique et psychologique. Il faut remonter à l'histoire de la médecine de l'Égypte ancienne pour retrouver les racines de cette hypothèse qui prévalait encore dans bien des facultés du monde occidental, au cours de la première moitié du XVe siècle, et qui affirmait que des liens étroits entre le cerveau et la matrice étaient à l'origine de cette vulnérabilité.

«Cette théorie a pourtant mal vieilli: " les explications biologiques des différences sexuelles dans la dépression [...] n’expliquent pas l'absence de ces mêmes différences dans certains sous-groupes" (Nolen-Hoeksemen, 1987, t.d.a.). L'interprétation des faits, sur la base d'une vulnérabilité supposée des femmes aux problèmes mentaux, porte encore l'empreinte des siècles précédents, malgré le fait qu'on sache maintenant qu'il s'agit bien plus de conditions de vie, de facteurs sociaux et environnementaux qui font partie de leur vie actuelle.

Kirmayer (Laurence J.)*, Corin (Ellen)**, Corriveau (André)***, Fletcher (Christopher)****, "Culture et maladie mentale chez les Inuit du Nunavik" in revue Santé mentale au Québec, 1993, XVIII, 1, 53-70.

(* Directeur et professeur agrégé, Division de psychiatrie sociale et transculturelle, Université McGill et Département de psychiatrie, Hôpital Général Juif — Sir Mortimer B. Davis; ** Directrice, Unité de recherche psychosociale, Hôpital Douglas, Verdun, Québec et professeur agrégé, Département de psychiatrie, Université McGill; *** Directeur de service professionnel, Centre Hospitalier Inuulitsivik, Povungnituk, Québec, et professeur titulaire, Département de médecine communautaire, Université McGill; **** Candidat pour la maîtrise en anthropologie, Université de Montréal.

«Bien que l'on retrouve dans la population Inuit du Grand Nord du Québec (Nunavik`) les troubles psychiatriques majeurs décrits dans la nosologie psychiatrique actuelle, la culture influence de manière importante la symptomatologie et l'évolution de ces troubles ainsi que les réactions qu'ils suscitent. Une revue de la littérature, les réflexions que nous inspire une expérience de consultation psychiatrique en milieu Inuit et les premières données d'une recherche ethnographique, indiquent que le développement de services mieux adaptés et sensibles à la réalité de la culture Inuit doit reposer sur l'étude de I'ethnopsychologie Inuit et des attitudes actuelles envers les malades mentaux.

Légaré (Gilles)*, Lebeau (Aimé)**, Boyer (Richard)*** et St-Laurent (Danièle)****, "Santé mentale: Détresse psychologique. Idées suicidaires et parasuicides", in ouvrage publié sous la direction de Carmen Bellerose, Claudette Lavallée, Lucie Chénard et Made-leine Levasseur, Santé Québec. Et la santé, ça va en 1992-1993 ? Rapport de l’enquête sociale et de santé 1992-1993, Volume 1. Chapitre 12, "Santé mentale", pages 217-246. Québec: Gouvernement du Québec, Santé Québec, 1995, 412 pages.

* Unité de santé publique du Centre hospitalier régional de Rimouski; ** Direction de la santé publique de la Montérégie; *** Centre de recherche Fernand Seguin, Hôpital Louis-H. Lafontaine; **** Service des études et analyses, ministère de la Santé et des Services sociaux

«Il existe peu de données sur l'état de la santé mentale des Québécois non institutionnalisés et encore moins sur le phénomène entourant le suicide. L'enquête Santé Québec 1987 avait permis de poser quelques jalons en ce domaine. La santé mentale y était entre autres estimée à l'aide d'un indice de détresse psychologique, alors que le phénomène suicidaire était étudié sous l'angle des pensées suicidaires et des tentatives de suicide.

«Cinq ans après cette première enquête de santé à l'échelle provinciale, l'Enquête sociale et de santé 1992-1993 reprend ces mesures pour décrire leur évolution au sein de la population québécoise. De nouveaux éléments d'information se sont ajoutés afin de mieux saisir l'intensité de la détresse psychologique ressentie et de mieux évaluer la gravité des idées et gestes suicidaires.

Ces indicateurs, quoique imparfaits, permettent de documenter deux aspects associés à la santé mentale des Québécois précisés dans la Politique de la santé et du bien-être du Québec.

«Le présent chapitre comprend deux sections: une première traite de la détresse psychologique, alors que la seconde examine les idées suicidaires et les tentatives de suicide. Elles sont élaborées de façon similaire, présentant d'abord les aspects méthodologiques, puis les résultats et des éléments de synthèse. Une conclusion générale sur les éléments de réflexion pour la planification et la prise de décision clôt ce texte.

Lejacques (Compère), "Santé mentale et communautés ethnoculturelles: de la marginalisation sociale à la précarité existentielle" in revue Santé mentale au Québec, 1992, XVII, 2, 285-310

L'auteur est coordonnateur du projet ethnoculturel de l’Association canadienne pour la santé mentale, section de Montréal. L’article a été rédigé en collaboration avec Jacques Duval, directeur général.

«La liaison entre les communautés ethnoculturelles et la santé mentale s'inscrit dans une perspective préventive et est, avant tout, indirecte. La marginalisation sur le plan social et de l'identité accélère la précarité existentielle surtout chez des individus en processus d'adaptation et d'intégration dans une nouvelle société. Notre expérience pratique auprès de la communauté haïtienne atteste de l'importance et de la faisabilité d'une ouverture respectueuse aux réalités des communautés ethnoculturelles.

«Au Canada on a peu écrit sur le sujet des communautés ethnoculturelles et de la santé mentale. Les deux études qui ont autorité, à notre connaissance, celle, de portée canadienne, qu'a dirigée le docteur Morton Beiser et celle menée par le docteur Gilles Bibeau qui fait le tour de la question au Québec. Ces études présentent l'avantage de replacer les vécus spécifiques, les réflexes individuels, dans un contexte social global et, parfois, de cibler les contradictions qui leur sont inhérentes. Toutefois, l’on y insiste pas assez sur la force des expériences quotidiennes et sur leur capacité à façonner les individus et à modifier le social. S'il n'est pas tout à fait faux que la culture antérieure du migrant peut modeler son entrée en relation avec la société d'accueil, il faut se demander si, en dernière instance, ce ne sont pas ses expériences multiples qui vont déterminer les types de rapports qu'il entretiendra avec cette société.

PC, Ottawa, "Être mère de famille monoparentale est dangereux pour la santé mentale" in La Presse, Nouvelles générales Mardi 4 mars 1997 A12

Être une mère de famille monoparentale est dangereux pour la santé mentale. Des chercheurs ontariens ont en effet découvert que les mères de familles monoparentales souffraient beaucoup plus souvent de troubles psychiatriques que celles évoluant dans une famille classique.

«Les mères célibataires sont plus exposées à la dépression, aux problèmes d'anxiété et à l'abus de drogue, indique l'étude publiée dans la plus récente édition du Journal de l'Association médicale canadienne.

«À en juger par le nombre d'amis et de parents dont elles se disent proches, les mères qui élèvent seules leurs enfants sont moins enclines à faire partie d'un système de support social que celles qui peuvent compter sur un conjoint.

SÉVIGNY (Robert), "La maladie mentale", in ouvrage sous la direction de Fernand Dumont, Simon Langlois et Yves Martin, Traité des problèmes sociaux. Chapitre 8, pages 165 à 178. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 1164 pages.

«La maladie mentale constitue une réalité complexe et multiforme qui échappe à toute définition consensuelle. À partir d'une conception large du phénomène, qui inclut l'ensemble des problèmes définis dans notre société comme appartenant au champ de la santé/maladie mentale, ce chapitre appelle l'attention sur les facteurs sociaux de la maladie mentale et, dans un deuxième temps, sur les types d'interventions qu'elle suscite.

«Inutile de chercher dans ce propos de quoi satisfaire tous ceux que cette réalité préoc-cupe. La caractéristique générale la plus acceptée de la maladie mentale est précisément qu'il s'agit de quelque chose qui fait problème chez un individu et que ce problème se pose en termes psychologique, psychiatrique, psychique ou mental. Au sens le plus courant et le plus tangible, la santé mentale se dis-tingue — et s'oppose parfois — à la santé physique. Le terme d'hygiène mentale, longtemps utilisé en ré-férence à la même "réalité" prenait aussi son sens par analogie avec l'hygiène physique. Cette "réalité" même est difficile à cerner. Quel est le dénomina-teur commun entre ce cas d'un patient psychia-trique et le cas d'une personne aux prises avec des difficultés psycho-logiques lors d'une période de chômage ou d'un divorce, entre le cas de l'adolescent expérimentant des difficultés d'adaptation so-cio-affective à l'école et celui où la délinquance et la violence servent à exprimer le désarroi psycholo-gique?

«Notre propos se fonde ici sur une triple dis-tinction: entre le corps et l'esprit, entre l'individu et la société et entre la maladie et la santé. Une pre-mière distinction entre maladie physique et maladie mentale, c'est-à-dire entre corps et esprit, est elle-même socialement ou culturellement définie. Cette conception duale de la vie humaine n'est pas accep-tée dans toutes les sociétés ou toutes les cultures. Pour les fins de notre propos, nous définirons la maladie mentale comme toute difficulté associée au fonctionnement mental plutôt que physique.

«Dans le rapport individu-société, la maladie mentale est toujours considérée comme se rappor-tant à l'individu et non à la société dont il est membre. Si cette position peut sembler inéluctable pour certains, elle n'est pas ou n'a pas toujours été reconnue comme telle par tous les auteurs qui se sont penchés sur la question. Pour E. Fromm, par exemple, la notion de pathologie ou de santé carac-térisait d'abord la société: les individus sont sains ou malades selon qu'ils appartiennent à une société saine ou malade.

Tousignant (Michel), "La santé mentale des migrants: analyse de son contexte social et longitudinal" in revue Santé mentale au Québec, 1992, XVII, 2, 35-46.

«L'auteur (Ph. D.) est professeur au Laboratoire de recherche en écologie humaine et sociale de l'Université du Québec à Montréal. L'article est une version modifiée d'une conférence présentée à la Migration and Health Conference, du 29 juin au premier juillet 1992, à Bruxelles, tenue sous les auspices de l’Organi-sation internationale de la migration et la Commission des Communautés européennes.

«La santé mentale des migrants est affectée par plusieurs facteurs qui relèvent à la fois des expériences pré-migratoires et des conditions d'adaptation au pays hôte. L’interaction entre ces deux niveaux de facteurs évolue cependant en fonction du temps, marqué tantôt de périodes de relatif équilibre, tantôt de perturbations inattendues comme si le processus de migration n'était jamais complété. L'âge d’arrivée dans un nouveau pays est aussi fort important, les adolescents ayant à affronter plusieurs demandes simultanées et les personnes aînées n'ayant plus les ressources personnelles pour assimiler une nouvelle culture. Par ailleurs, l’adaptation s'opère à l'intérieur d'un système familial où le destin de chacun des membres influe sur celui des autres. Le texte offre quelques réflexions sur la prévention qui découlent en partie des considérations de la littérature scientifique.

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Dernière mise à jour de cette page le Samedi 24 janvier 2004 16:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue