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Bibliographie thématique

Sociologie de la santé

5- La santé des femmes

FEMMES, TRAVAIL ET SANTÉ

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les femmes et le travail", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 8, pp. 141 à 148. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«La plupart des modèles théoriques visant à établir des relations entre le travail, le stress et la santé ont été conçus pour des populations masculines et testés auprès d'elles, puis généralisés à des populations féminines. Cette pratique a été dénoncée par les chercheuses préoccupées de la santé des femmes puisque, d'une part, les hommes et les femmes ne sont pas nécessairement exposés aux mêmes agents stressants potentiels et que, d'autre part, il existe des différences entre les sexes quant à la façon de réagir à ces agents stressants potentiels (Kushnir et Kason, 1992; Piechowski, 1992; Gervais, 1993). Karen Messing (Guyon et Messing, 1996) situe l origine de cette situation dans le fait que le développement de la discipline de la santé au travail s'est opéré à partir d'études portant sur des secteurs d'emplois où il y avait une concentration d'hommes. Par la suite, les problèmes de santé des travailleuses sont longtemps demeurés invisibles parce que la définition même de ces problèmes était surtout associée aux notions de risque (découlant principalement des accidents du travail) et de pathologies (maladies professionnelles). " Les recherches féministes en santé au travail ont mis en évidence des problèmes qui ne correspondent pas nécessairement à des pathologies mais qui diminuent le bien-être. " (Messing et coll., 1995) Considérant que la reconnaissance des problèmes de santé des travailleuses ne peut se faire par une simple démonstration statistique, ces chercheuses ont montré l'importance de mettre au point des indicateurs qui rendent compte des situations vécues par les femmes et ont favorisé des méthodes de recherche de type qualitatif.

«Les femmes occupent des emplois différents de ceux des hommes, habituellement dans des positions hiérarchiques inférieures. Elles travaillent plus souvent à temps partiel et la majorité d'entre elles sont confinées à des emplois comportant des tâches répétitives (David, 1989; Kempeneers, 1992; Messing, 1991; Vézina et coll., 1992). Elles reçoivent des salaires moins élevés, les avantages sociaux sont moins importants et les possibilités d'avancement dans leur travail sont plus limitées (Barnett, Biener et Baruch, 1987; LaCroix et Haynes, 1987; Messing, 1991). Comparativement aux hommes, les femmes occupent plus souvent des emplois où elles rencontrent des exigences de travail élevées, combinées à une faible latitude décisionnelle (Braun et Hollander, 1988).


LES HABITUDES DE VIE DES FEMMES

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les habitudes qui agissent sur la santé" in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 6, pp. 97 à 126. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«Le lien entre les habitudes de vie et la santé n'est plus à démontrer. La documentation, tant scientifique que populaire, regorge de données concernant les effets bénéfiques ou délétères, selon le cas, de certaines pratiques individuelles, tels l'exercice physique ou le tabagisme, sur l'état de santé et même sur l'espérance de vie des personnes qui s'y adonnent. La notion de responsabilité face à sa propre santé est devenue un impératif, remplaçant l'ancienne association "maladie = punition divine", qui avait marqué les générations antérieures. Ce discours s'est maintenant élargi aux risques collectifs auxquels sont exposées les populations à cause des diverses sources de pollution (industrielle, urbaine, agricole, etc.). Le partage entre la responsabilité individuelle et la responsabilité collective (cette dernière étant souvent considérée comme une prérogative de l'État) est alors devenu difficile à opérer. Actuellement, en période de récession économique et dans le contexte de " rationalisation des ressources collectives ", le balancier risque, encore une fois, d'osciller vers la responsabilité individuelle. Il importe alors d'user de prudence dans l'interprétation des résultats sur les habitudes de vie des gens, car ils sont influencés par les grands courants du moment (ex.: campagnes antitabac), mais aussi par des situations de vie fort variables (pauvreté, scolarisation, influence des pairs, etc.).

«Chez les femmes, la question des habitudes de vie a toujours été étroitement associée aux restrictions et aux obligations liées à leur sexe. Pendant longtemps, l'exercice physique, la consommation de tabac et d'alcool n'ont pas été considérés comme étant " d'essence féminine "; par contre, les canons de la mode ont toujours imposé au corps des; femmes des contraintes lourdes de conséquences pour leur santé, tant physique que psychologique. Si l'ère des corsets et des vêtements encombrants semble révolue, la seconde moitié du XXe siècle, qualifiée d'ère de libération des femmes, prélève toujours un lourd tribut sur leur santé en les obligeant à garder une apparence jeune, à rester minces et sexuellement attrayantes tout au long de leur vie. Pour les femmes de cette fin de siècle, la beauté passe souvent par les régimes amaigrissants, les hormones et la chirurgie esthétique (Bordo, 1993).


LES JEUNES FEMMES

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les jeunes femmes", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 11, pp. 181 à 202. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«La littérature scientifique sur les adolescentes est abondante, mais beaucoup plus spécifique que globale, en ce sens que les études portent sur des aspects très précis, comme la contraception, l'image corporelle, les maladies transmissibles sexuellement (MTS), le tabagisme ou la détresse psychologique. Par contre, la situation des jeunes femmes est moins documentée et cela est probablement dû au fait qu'il s'agit d'un groupe moins défini; dans certaines études, elles sont comprises avec les adolescentes, alors que d'autres les incluent dans une catégorie plus large (par exemple les femmes de 20 à 44 ans). Il sera ici question des femmes âgées de 15 à 24 ans et, comme ce groupe comporte à la fois des adolescentes et des jeunes adultes, les données seront présentées en séparant les 15-19 ans et les 20-24 ans. Afin de bien démarquer les particularités des jeunes, des comparaisons seront établies avec les femmes de 25 ans et plus.

«Les adolescentes et les jeunes femmes se disent généralement en bonne santé physique; par contre, elles manifestent plus de problèmes d'ordre psychologique que leurs aînées. Elles sont également à une période de leur vie où elles adoptent des attitudes et des comportements qui auront des effets à long terme sur leur santé. C'est pourquoi trois problématiques sont abordées dans ce chapitre: les habitudes de vie à partir de l'usage du tabac, de la consommation d'alcool et du poids corporel, les attitudes et les comportements face aux MTS et au sida et, finalement, la santé psychologique.


LES FEMMES AGÉES

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les femmes âgées", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 12, pp. 203 à 215. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«En 1994, il y avait au Québec 506 200 femmes âgées de 65 ans et plus, soit 14 % de la population féminine et 7 % de l'ensemble de la population québécoise (Duchesne, 1995). On prévoit qu'en 2031, elles seront plus de 900 000 et formeront alors la grande majorité des personnes du troisième âge, puisque l'on comptera seulement 65 hommes pour 100 femmes chez les 65 ans et plus. Les femmes âgées de 75 ans et plus (218 100 en 1994) représenteront alors près de 50 % des femmes âgées. Cette croissance importante en proportion et en nombre justifierait à elle seule le choix d'inclure la population des femmes âgées dans cette monographie. Mais c'est surtout l'importance des problèmes de santé physique et psychologique et la précarité des conditions socio-économiques d'un grand nombre d'entre elles qui ont présidé à ce choix. En fait, toutes les études qui ont été menées sur les femmes âgées dans les sociétés occidentales font ressortir deux éléments principaux: la présence de maladies chroniques et l'appauvrissement (Smeeding, 1991; Hardy et Hazelrigg, 1993).


LES FEMMES DÉFAVORISÉES

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les femmes en milieu défavorisé", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 13, pp. 217 à 235. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«L'appartenance à un milieu socio-économique particulier est un déterminant majeur dans le devenir des individus quant à leur santé. On le sait depuis longtemps: les plus pauvres meurent plus tôt (Wilkinson, 1992; Wilkins, 1990), sont plus malades, ils ont de moins bonnes habitudes de santé et vivent dans des conditions sanitaires plus détériorées. Les inégalités face à la santé et à la maladie constituent l'un des plus grands problèmes de notre système de soins et de services, et leur persistance, malgré l'accès universel aux soins, sera l'un des principaux défis des prochaines années (Evans, 1994).

«Lorsqu'on parle de la pauvreté, on la présente souvent selon les lieux géographiques, les régions ou les secteurs de pauvreté. On parlera aussi de groupes socio-professionnels ou culturels. On est moins porté à lui attribuer un sexe, et pourtant, si l'on considère chacun de ces sous-groupes, on se rend compte que parmi les défavorisés il y a des " plus défavorisés " et que, parmi eux, on retrouve plus souvent des femmes. Dans chaque catégorie socio-économique étudiée, les femmes sont généralement plus pauvres (ou moins riches) que les hommes, elles ont des salaires plus bas, elles ont moins accès à l'emploi et à la syndicalisation, elles ont moins de sources de revenus.

«Le Conseil national du bien-être social, dans son rapport sur le Profil de la pauvreté 1993 (1995), signale que le taux de pauvreté est en augmentation dans toutes les provinces du Canada. Au Québec, il est de 21 % (45 % chez les personnes seules et 18 % pour les familles). Par ordre d'importance, ce sont d'abord les mères seules (prévalence de 60 %), les femmes seules âgées de 65 ans et plus (47 %) et les femmes seules âgées de moins de 65 ans (38 %) qui arrivent aux premiers rangs des indices canadiens de pauvreté. Depuis 1980, le rapport entre les taux de pauvreté des hommes et des femmes varie entre 1,46 et 1,33 et ce sont ces trois groupes de femmes qui contribuent à maintenir les écarts entre les taux masculins et féminins. Le rapport ajoute: " Dans les familles plus jeunes comprenant époux et épouses, il faut souligner le rôle que jouent les femmes lorsqu'il s'agit de préserver leur famille de la pauvreté. Même si elles gagnent moins en moyenne que les hommes et même si elles se heurtent à un certain nombre d'obstacles qui les empêchent de participer équitablement à la population active rémunérée, leur contribution est essentielle au maintien de faibles taux de pauvreté. " (p. 74)


FEMMES ET MONOPARENTALITÉ

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "Les femmes en situation de monoparentalité", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 14, pp. 237 à 247. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«Entre les recensements de 1971 et de 1986, le nombre de familles monoparentales au Québec a augmenté de 67 %, comparativement à 10 % chez les familles biparentales. En 1991, parmi les familles où l'on retrouve un ou plusieurs enfants, une sur cinq est monoparentale; c'est donc dire que la proportion de ces familles a doublé depuis 1971 (Bernier et al., 1994; Statistique Canada, 1992). Des changements importants avaient marqué les modes de vie familiaux québécois au cours des années soixante-dix, le plus marquant étant l'augmentation des ruptures d'unions, suivi de loin par les naissances hors mariage (Dandurand, 1987; Le Bourdais et Rose, 1986) . Autrefois résultante de la situation de veuvage, les familles monoparentales sont aujourd'hui plus jeunes comparativement, tant par l'âge du parent responsable que par celui des enfants, et elles sont plus souvent sous responsabilité féminine (Dandurand, 1982) .

«Ces modifications aux structures familiales ont été lourdes de conséquences, particulièrement pour les femmes et leurs enfants qui se sont retrouvés, dans la plupart des cas, dans des situations économiques précaires.


FEMMES CRIES ET INUITES

Lavallée (Claudette) (coordonnatrice de projet, Santé Québec), "Les femmes cries et inuites du Nord québécois", in ouvrage sous la direction de Louise Guyon, avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, , in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 15, pp. 249 à 287. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«NOTE: Le texte qui suit présente des résultats d'enquêtes sur la santé des femmes autochtones. La valeur accordée, tout au long de ce livre, à l'impact du milieu sur la santé et les conditions de vie, a aussi joué dans ce choix: la compréhension et l'analyse des résultats ne peuvent se faire qu'à la lumière de l'histoire, de la situation géographique et de la situation socioculturelle actuelle des femmes cries et inuites.

«Font l'objet du présent chapitre les femmes cries et inuites habitant la région la plus septentrionale du Québec. Ces populations sont dispersées sur un vaste territoire situé entre le 49e et le 55e parallèle pour les Cris et au nord de ce dernier pour la population inuite. Comme l'illustre la carte ci-jointe, la population crie, d'environ 9 300 personnes, est répartie en neuf bandes dont les effectifs varient entre 400 et 2 400 habitants; 64 % des Cris font partie des communautés de la côte de la baie James et de la baie d'Hudson, tandis que les autres résident dans les villages situés à l'intérieur des terres, au bord de lacs et de rivières. La population couverte par l'enquête inuite est estimée à 7 078 personnes dispersées dans 14 villages comptant entre 100 et 1 100 personnes. Soixante pour cent de la population réside sur la côte de la baie d'Hudson et 40 % sur celle de la baie d'Ungava.


PRÉVENTION DES CANCERS

Dunnigan (Lise,) "Certains comportements de santé propres aux femmes", in ouvrage publié sous la direction de Carmen Bellerose, Claudette Lavallée, Lucie Chénard et Madeleine Levasseur, Santé Québec. Et la santé, ça va en 1992-1993 ? Rapport de l’enquête sociale et de santé 1992-1993, Volume 1. Chapitre 10, "Certains comportements de santé propres aux femmes", pages 169-184. Québec: Gouvernement du Québec, Santé Québec, 1995, 412 pages.

Direction de l'évaluation, ministère de la Santé et des Services sociaux

«Les comportements de santé propres aux femmes qui font l'objet de ce chapitre sont les suivants: le recours aux diverses techniques de dépistage des cancers du sein et du col de l'utérus, et la consommation d’anovulants et de médicaments à teneur hormonale pour le traitement de problèmes reliés à la ménopause ou pour d'autres raisons.

«Le cancer est l'un des dix-neuf problèmes prioritaires définis dans la Politique de la santé et du bien-être du Québec (MSSS, 1992). Il constitue la seconde grande cause de mortalité au Québec. Chez les femmes, c'est le cancer du sein qui entraîne le plus grand nombre de décès. A cet égard, l'objectif fixé est une réduction de la mortalité de 15 % d'ici l'an 2002; pour ce faire, on propose d'améliorer les services actuels de dépistage précoce, en particulier le dépistage par mammographie chez les femmes de 50 à 69 ans. On encourage aussi le dépistage précoce d'autres formes de cancer, dont le cancer du col de l'utérus pour lequel le dépistage par frottis cytologique permettrait une réduction de 60 % de l'incidence et de la mortalité (Miller, 1992). On suggère également d'évaluer l'effet des campagnes de promotion de la santé et des programmes de dépistage des différentes formes de cancer, et d'examiner notamment les barrières culturelles pouvant influencer les comportements.

«Dans le prolongement de l'enquête Santé Québec 1987, l'Enquête sociale et de santé 1992-1993 vise à déterminer les caractéristiques des femmes qui participent au dépistage du cancer du sein et du cancer du col de l'utérus. Cette mesure présente l'avantage d'être plus sensible au changement dans le temps que la mortalité, et peut indiquer des pistes de recherche et d'intervention à l'égard des groupes qui ne sont pas suffisamment rejoints ou qui présentent des risques plus élevés de cancer.

«Les renseignements portant sur certains comportements reliés à la vie reproductive des femmes constituent une source unique d'information. La prise d'anovulants et d'hormones représente une part appréciable de la consommation de médicaments prescrits aux femmes et s'étend habituellement sur plusieurs années. Bien que ces médicaments soient bénéfiques, dans la mesure où les anovulants sont un moyen efficace d'éviter une grossesse non désirée et où les hormones utilisées durant la ménopause sont une des façons de prévenir l'apparition de maladies dégénératives telles que l'ostéoporose, leur utilisation comporte, comme tous les médicaments, des effets secondaires et des risques pour la santé, notamment lorsqu'ils sont associés à d'autres facteurs comme le tabagisme.


SANTÉ PHYSIQUE

Guyon (Louise), "La santé physique" avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "La santé physique ", in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 3, pp. 37 à 66. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«Avec l'état de santé, on aborde un champ d'analyse plus complexe puisque les définitions de la santé et de la maladie sont culturellement déterminées, en ce sens qu'elles varient selon la culture et le milieu social d'où elles émanent. Elles varient aussi dans le temps, influencées par les courants sociaux et les idéologies qui les sous-tendent. Entre ces deux pôles (santé et maladie), s'installe une zone nébuleuse qui variera en étendue et en direction selon les individus, les groupes ou les époques. Ce qui est vu comme pathologique chez certains sera perçu comme faisant partie de l'ordre des choses chez d'autres. L'exemple le plus récent, et peut-être le plus spectaculaire pour le propos de ce livre, est l'inclusion du syndrome prémenstruel (SPM) dans la liste des problèmes de santé mentale du DSM IV*. Écarté de justesse lors de la version précédente, le SPM est désormais considéré comme une pathologie arrêtée (Vines, 1993). Et pourtant, un grand nombre de femmes qui vivent ces symptômes seraient étonnées, et même indignées, d'apprendre qu'elles sont "atteintes d'une maladie mentale". Il en est de même pour d'autres phénomènes qui, au cours des ans, sont passés de "phénomènes sociaux ou moraux" à des catégories de pathologies d'ordre physique ou psychologique, par exemple: l'alcoolisme, l'homosexualité et même certains états associés au vieillissement.

«Bref, la santé comporte à la fois des éléments objectifs et subjectifs qu'il n'est pas toujours facile de départager. Les données dont il sera fait mention dans les pages qui suivent n'échappent pas à l'arbitraire, d'autant plus qu'elles sont basées majoritairement sur les aspects quantitatifs de la santé: présence de symptômes ou de limitations d'activité, consultations de professionnels de la santé ou encore comportements préventifs. Au moment de les interpréter, il importe de se rappeler qu'elles sont la résultante, à un moment donné, d'un ensemble d'événements démographiques, sociaux et personnels qui ont modelé de façons diverses le destin des générations de femmes qui constituent le sujet de cette étude.


SANTÉ PSYCHOLOGIQUE

Guyon (Louise), avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, "La santé psychologique" in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 5, pp. 79 à 95. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.

«Les différences entre les femmes et les hommes en matière de santé mentale ont fait l'objet de longs débats et ont alimenté de nombreuses recherches dans une multitude de disciplines (Pugliesi, 1992; Comité de la santé mentale du Québec, 1993). Dans sa revue de la littérature sur les dimensions socioculturelles de la santé mentale des femmes réalisée aux États-Unis en 1992, Pugliesi pose l'intéressante question: " Les différences entre les femmes et les hommes (gender differences) en santé mentale sont-elles réelles, ou plutôt ne seraient-elles pas le résultat d'un artéfact ? "

«Une des constantes qui se dégagent de la plupart des études épidémiologiques est que les femmes manifestent des taux supérieurs aux hommes pour la détresse psychologique et la dépression (Gove et Tudor, 1973; Gove et Geerken, 1977; Kessler et McRae, 1981; Cleary et Mechanic, 1983; Gore et Mangione, 1983; Reskin et Coverman, 1985 ;Thoits, 1986).

«Un premier niveau d'explication à ce phénomène met l'accent sur une plus grande vulnérabilité des femmes à la dépression et aux autres problèmes de santé mentale—à cause de leur constitution biologique et psychologique. Il faut remonter à l'histoire de la médecine de l'Égypte ancienne pour retrouver les racines de cette hypothèse qui prévalait encore dans bien des facultés du monde occidental, au cours de la première moitié du XVe siècle, et qui affirmait que des liens étroits entre le cerveau et la matrice étaient à l'origine de cette vulnérabilité.

«Cette théorie a pourtant mal vieilli: " les explications biologiques des différences sexuelles dans la dépression [...] n’expliquent pas l'absence de ces mêmes différences dans certains sous-groupes" (Nolen-Hoeksemen, 1987, t.d.a.). L'interprétation des faits, sur la base d'une vulnérabilité supposée des femmes aux problèmes mentaux, porte encore l'empreinte des siècles précédents, malgré le fait qu'on sache maintenant qu'il s'agit bien plus de conditions de vie, de facteurs sociaux et environnementaux qui font partie de leur vie actuelle.


VIOLENCE

Clarkson (May) (agente de recherche au Service des études et analyses du MSSS), "La violence" in ouvrage sous la direction de Louise Guyon, avec la collaboration de Claire Robitaille, May Clarkson et Claudette Lavallée, in Derrière les apparences. Santé et conditions de vie des femmes. Chapitre 9, pp. 149 à 170. Québec, Gouvernement du Québec, Ministère de la santé et des services sociaux, novembre 1996, 384 pages.
«Ce chapitre aborde un thème qui a été longtemps occulté, voire nié dans la société québécoise comme dans bien d'autres: celui de la violence faite aux femmes, dans un contexte socioculturel spécifique qui conditionne les rapports sociaux entre les sexes. On ne parle donc pas de la violence fortuite (telle la violence exercée au cours d'un cambriolage), mais bien de celle qui est employée plus spécifiquement contre des victimes de sexe féminin, et qu'on peut définir de la façon suivante: "la force physique ou verbale, la coercition ou la négligence exercées à l'égard d'une personne de sexe féminin, de façon à lui occasionner des problèmes de santé physique ou psychologique, de l'humiliation ou une privation arbitraire de liberté, et de façon à perpétuer la subordination féminine " (Heise, 1993, traduction libre).

«On s'intéresse donc ici, d'une part, à la violence exercée envers une femme par un ou des inconnus, parce qu'elle est une femme; on peut penser par exemple au harcèlement sexuel, à l'agression sexuelle, voire à des cas aussi extrêmes que celui du massacre de jeunes femmes à l'École polytechnique de Montréal en décembre 1989. D'autre part, on s'intéresse également à la violence physique, sexuelle ou psychologique exercée par des connaissances ou des proches, et, bien souvent, par un conjoint, un partenaire de vie ou un amoureux.

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Sociologie de la santé
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6 Les jeunes et la santé

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Dernière mise à jour de cette page le Samedi 24 janvier 2004 16:26
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue